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Affichage des articles du janvier, 2019

Derniers soupirs

Je vais mourir, bientôt ; très bientôt. Et tous ces gens autour de moi… Que me veulent-ils vraiment ?! Me consacrer une mort décente, une mort sans trop de souffrances morales ?! Mais qu’en savent-ils, hein ?! Ils ne mourront pas bientôt, eux. Pas très bientôt, en tout cas. La mort me rend méchant, insupportable. Je suis à mes derniers moments dans la vie, et je ne fais que la pourrir pour tous ceux qui m’entourent. Je ne me suis jamais considéré comme solitaire. J’ai toujours été sociable, facile à vivre, agréable même et courtois, comme on me l’avait souvent dit. J’aimais être agréable. Mais jamais naïf. Ma physionomie m’avait permis de m’épanouir dans mon corps, sans aucun complexe ; l’amour pour moi était chose acquise. J’étais très fin, sans pour autant paraître faible. J’avais les épaules tellement larges que toute chemise m’allait, même si elle aurait paru moche sur quelqu’un d’autre. Les filles m’adoraient. Je n’avais jamais à mendier l’amour, ni toutes les

Gilles Deleuze et la sélection naturelle de Darwin

Extrait d’un article critique, en cours de préparation, sur l’ouvrage Nietzsche par Gilles Deleuze Il n’y a jamais eu de philosophe injustement malcompris et de philosophie erronément interprétée que Nietzsche et sa philosophie. Tout le monde s’arroge le droit d’y mettre de lui-même, ou de l’extérieur, dans l’explication et l’interprétation de cette philosophie. Il faut savoir, d’abord et avant tout, que toute interprétation présuppose un manque, une lacune, une faille. Émile  Littré lui-même définit l’acte d’interpréter comme « [l’explication de] ce qu’il y a d’obscur et d’ambigu dans un écrit, dans une loi, dans un acte ». Ce qui laisse entendre que la philosophie de Nietzsche est par trop « incomplète » pour la comprendre par elle-même. Comme s’il fallait y mettre du sel — voire même des épices ! — Et tout interprète de Nietzsche avance le soi-disant prétexte que sa philosophie manquerait de méthode, qu’elle serait fragmentaire. C’est plutôt ces interprétations qui trahisse

Que le Verbe soit ! Et le Verbe ne fut pas !

Il avait vécu sa part de vie et était, enfin, prêt à partir. Il était dégoûté de tellement vivre. Point pour avoir trop vécu. Loin de là ! Son vice de trop vivre l’avait lassé. Il avait commencé à désapprendre la vie. Il était trop en marge, trop à côté pour se sentir concerné par la vie. Ou du moins par les vivants. C’était probablement pour cette raison qu’il avait pris la décision de disparaître, simplement. Les hommes sont devenus par trop prévisibles pour tolérer leur compagnie. Surtout pour lui, un être qui lisait à livre ouvert dans les hommes. Tout commerce avec eux n’est tolérable qu’aussi longtemps qu’une dose d’imprévision est présente. Une fois l’apprentissage des hommes est accompli, il ne pourrait plus y avoir quelque goût à vivre. Comment, dès lors, aimer, haïr ou mépriser, tolérer et pardonner à des êtres dont on connaît parfaitement les motifs les plus cachés ?! « Vivre exige que l’on soit ignorant, voire même un peu con. C’est ainsi que l’on serait capable de to