My writing is not a "likable" content. I write the dislikable "I"

Mes écrits ne sont pas du contenu « j’aimable ». J’écris le « je » détestable

Mes textes – par les idées qu’y germent et y croissent, librement – ne sont pas destinés aux âmes faibles, aux natures basses, qui tremblent immédiatement face à l’image crue et impudique que je leur offre d’elles-mêmes. Elles y appréhendent du brûlant, du corrosif, de l’incendiaire et de l’explosif. Je mets le feu aux fondements de la société dite moderne. Et ces fondements, vulnérables, de nature de fétus, prennent feu instantanément au contact des étincelles que provoquent mes fouilles inlassables. Le sol sur lequel ces fondements sont construits, et les valeurs qui s’y nichent, est inconsistant, instable et mou. Il s’effrite facilement. Ainsi, les colonnes qui composent cet édifice séculaire s’écroulent, docilement, à force d’être rongées de l’intérieur par les termites de mon esprit – les idées.

Il est mal bâti, mal-fondé, cet édifice, comme tout édifice humain – et trop commun. La plèbe est toute adoration devant ces foyers. Elle y élit domicile pour se protéger de la pluie, comme du beau temps. Ce sont leur ombrelle, leur porche et leur plafond. L’instinct d’être sous couvert trahit leur nature inférieure, qui les pousse à être au-dessous de quelque chose, en dessous. Mais dès que la plèbe se rapproche de mes écrits, elle se fait brûler et, ses sens s’en retrouvant dès lors éveillés, se rend pleinement compte de la disparition de leur porche protecteur. Tout ce qui en demeure n’est que ruine et poussière. Ces plébéiens, fous et naïfs qu’ils sont, ne s’arrêtent point à l’idée que j’ai fait renaître leurs sens. Ils n’ont d’yeux que pour leur perte, leur indignation. Leurs sens se sont assoupis à force de les couvrir des mains. Ils préfèrent garder leur éternel foyer pitoyable que de tourner leurs sens vers leur condition véritable, la condition humaine. Ils aiment plutôt se regorger de vaines illusions humaines, de mirages, au lieu d’affronter des vérités de telle ampleur : la corruption de leurs édifices les plus chers, de leur morale qui est incapable de surmonter le regard cru et dur du psychologue-né, qui voit à travers les choses, et entend au-delà des murs – de la carapace de faux-semblants des hommes.

Mes écrits créent chez les âmes plébéiennes une crise qu’elles sont incapables de surmonter, d’où leur dédain et leur refus de garder les yeux grands ouverts, et les oreilles largement tendues. Elles se sont habituées à baisser les oreilles face à « l’impératif catégorique » de leur morale, ces prisonniers de leur réputation, ces esclaves de la conscience.

Ainsi, et bien que la plèbe comprenne mes écrits, elle est incapable d’agir. Et étant dans l’incapacité d’affronter la vérité qu’elle ne cesse de renier, elle préfère mépriser, s’enfuir pour éviter de corrompre sa nature paisible et inoffensive. Mes textes corrompent la plèbe… dans ce qu’elle a de certain et d’indéniable. La plèbe, cette pauvre bonne qui n’ose s’insurger contre les coups de sa maîtresse, la morale, « l’incorruptible » et l’incorrigible morale ! Et les avale en silence, résignée à être battue jusqu'à la fin de ses jours – à être « bonne » éternellement.

Mes textes sont corrompus, soyez prudents, plébéiens ! Mais vous n’avez cure de prudence ! Je vous rassure. Mes écrits ne sont pas destinés à toi, peuplade du « j’aimable ». Mes écrits stimulent le « je » détestable.

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